A l’ombre perdue de la grande guerre – Amazon, 2015
On reprochait à Mademoiselle Voss ses trop rares apparitions en France et son silence même. C’est qu’elle chantait ailleurs, à Berlin ou Nairobi, sous le ciel de Damas et dans les jardins du Caire, ses chansons et celles des poètes de la chanson française, que son public fredonnait avec elle. Dans son ouvrage À l’ombre perdue de la grande guerre, recueil de sept carnets, rédigés à Paris, de 2007 à 2014, elle poursuit sa quête indiscrète des héritages oubliés, les nôtres, qu’elle dévoile à sa manière, facétieuse souvent, érudite toujours. Ainsi revient-elle sur les origines de l’Occident chrétien, peuplé des dangereux barbares, qui, baptisés, ne seraient plus jamais barbares, ni dangereux, d’ailleurs. Disparus, ces barbares ? Décadent, cet Empire ? Que de la défaite française de Sedan, en 1870, aient surgies les deux guerres mondiales, dévastatrices pour cet Occident chrétien, pose de terribles questions : mais qui les a voulues, ces guerres, pouvait-on les éviter, qui les a encouragées ? Enfin, les conditions difficiles de la christianisation de l’Empire romain, en Afrique et au Levant, aux iiie et ive siècles de notre ère, n’ont-elles pas été sources de conflits, dont Mahomet reconnaissait avoir saisi les fruits ? N’en voit-on pas ressurgir les feux, aujourd’hui en France, l’ancienne métropole d’un Empire méditerranéen disparu ? Disparu quand, au fait, pourquoi, et au profit de qui ?
Le secret du Président Wilson – Amazon, 2017 (dépôt légal)
Le secret du Président Wilson met en évidence des aspects peu connus du Traité de Versailles, notamment ceux relatifs au financement de la guerre (en particulier le rôle de l’American International Corporation), aux investissements et à la dette française. L’entrée en guerre des Etats-Unis est vue sous un angle peu connu. C’est un aspect évidemment crucial de la première guerre mondiale et Adriana Voss produit à l’appui de son écrit une abondante documentation. Idem pour la Troisième République et son Empire colonial qui cible le financement des conquêtes coloniales et s’appuie sur de nombreux extraits des débats parlementaires français. L’écriture d’Adriana Voss est fluide et souvent lyrique pour mettre en lumière les errements de la Troisième République.
La Commune de Paris ou la Défaite miraculeuse – Amazon, 2017
« Revenir aujourd’hui sur l’illustre Commune de Paris, célébrée sans danger dans le monde entier, conduit à poser une question délicate et cruelle : comment cette dramatique insurrection parisienne avait-elle pu éclater le 18 mars 1871, alors que le 27 février l’Assemblée nationale avait voté, à 546 voix contre 107, les préliminaires de Paix qu’imposait Bismarck pour mettre fin à la guerre ? Cette guerre, déclarée l’été précédent par la France à la Prusse, s’était achevée le 2 septembre par la défaite française à Sedan. Depuis ce temps, le chancelier des vainqueurs attendait son heure. C’était la mort dans l’âme que les députés français avaient accepté le projet qu’on leur imposait : le 27 février, près de 800 000 soldats allemands occupaient le Nord de la France et 400 000 soldats français étaient prisonniers en Allemagne. La douteuse et ruineuse « levée en masse » des 200 000 « francs-tireurs » de Gambetta qui, sans être soldats, auraient dû chasser les Prussiens et délivrer Paris du siège, n’avait servi à rien. L’hiver était venu, les soldats allemands étaient toujours là, les Parisiens assiégés mourraient de froid. Gambetta se reposait en Espagne […] »
La République coloniale et les deux guerres mondiales. Tragédies et mensonges – Amazon, 2020
Le pantalon garance, c’est la France!Ainsi l’avait voulu un des plus hauts personnages de la Troisième République, Eugène Etienne, député permanent à la Chambre, et Ministre de la Guerre, souvent. Ce créateur de l’Algérie française, et du puissant Parti Colonial, majoritaire à la Chambre et décisionnaire en France, avait conduit d’une main de fer la politique étrangère de la République, coloniale d’abord. Peu après, le 4 août 1914, la guerre en Europe était déclarée. Les mobilisations avaient été précipitées, les enjeux mal calculés et les illusions encouragées. Le premier mois de la guerre avait été le pire: l’artillerie lourde allemande avait mis en pièces les fantassins français, tenus de faire la « guerre à outrance » contre des mitrailleuses. 100 000 soldats en pantalon rouge étaient morts déchiquetés, 27 000 pour la seule journée du 22 août. Leurs officiers de blanc vêtus avaient tous été abattus. L’Etat Major français n’avait rien dit: il attendait le « rouleau compresseur russe » promis. A tort, car l’armée russe serait écrasée le 27 août par l’armée allemande: 30 000 soldats russes étaient morts, et 100 000 autres faits prisonniers. Rien ne s’était passé comme prévu. Ni l’armée française, ni l’armée russe ne pouvaient rivaliser avec l’armée allemande, ce que les esprits lucides savaient, mais qu’on avait fait taire. Et la France avait déjà perdu, au mois d’août, son charbon du Nord et son fer de Lorraine.Dites-moi, Monsieur Garance, sans connaître l’Allemagne, connaissiez-vous la France?L’ Empereur Guillaume, qui avait convaincu trop tard son cousin le Tsar de son erreur d’avoir mobilisé trop en avait commis une autre, en finançant les révolutionnaires russes pour encourager le chaos en Russie. Il en espérait une paix séparée avec le Tsar, qui lui laisserait les mains libres en France. Ainsi dotés, et les Russes épuisés par trois ans de guerre, une première révolution avait éclaté en février 1917 qui avait obtenu l’essentiel: l’abdication du Tsar Nicolas, et son remplacement par une République provisoire, qui déciderait par décret de l’amnistie de tous les exilés politiques. L’Empire des Tsars n’existait plus, New York pavoisait pour fêter la Révolution russe. Le 6 avril, le Président Wilson déclarait la guerre à l’Allemagne. Rien ne serait plus comme avant. Dites-moi, Monsieur Garance, aimiez-vous vraiment la France? Au vrai, ce sont vos Coloniaux qui l’avaient risquée, cette guerre, sans l’empêcher, ni même la faire. Vous Monsieur Garance, et vos puissants amis du Parti Colonial, aviez bâti des fortunes considérables aux colonies, en utilisant la Métropole et vos indigènes pour vous servir. La République avait dû mobiliser 8 millions de soldats français, et 600 000 soldats indigènes de son Empire, pour s’engager dans une guerre bien trop coûteuse, qui n’avait pas lieu d’être, et duré trop longtemps. En 1917, les jeux étaient faits, la République aurait sa Victoire, mais elle était presque ruinée, donc vassalisée. Il y avait un million d’orphelins en France.